lundi 7 juillet 2014

La Tunisie malade de ses technocrates qui n’ont rien compris à rien


Le vécu de la Tunisie fait émerger dans l’esprit un vieux proverbe du terroir tunisien. Celui du pauvre homme qui se tuait à creuser la tombe de son père, quand il a cru que la providence lui envoyait quelqu’un pour l’aider dans sa tâche. Malheureusement, celui en qui il a misé ses espoirs pour l’aider, se sauva en emportant avec lui, comble de l’ironie, la pioche avec laquelle il espérait creuser la tombe.
La réalité du tunisien ressemble, en effet, à s’y méprendre, à la mésaventure de ce pauvre bonhomme. Le tunisien après avoir perdu son père, comprendre par là, son pays, sa nation, sa dignité, son moyen de subsistance, était en désespoir de cause résigné à enterrer cet être cher qui est parti en le laissant en proie à la nudité et à la faim.
Mais le pauvre tunisien était si amoindri, pompé jusqu’à la moelle qu’il était par ceux là même qui lui ont tué le père, ne pouvait même plus s’acquitter du devoir d’enterrer ce père, qu’il avait lui-même livré à ses assassins. Fatigué, usé, mais aussi, quelque part, érodé par les remords, le pauvre tunisien crut un moment, que les mannes du ciel se sont ouvertes à lui, et qu’il allait trouver, enfin, quelqu’un qui allait l’aider à enterrer son père, et de ce fait, à pouvoir redémarrer dans une vie meilleure. Mais voilà, que l’homme qu’on lui avait dépeint comme providentiel, s’avéra aussi dévastateur, si ce n’est plus, que les assassins qui étaient en cause des malheurs du pauvre tunisien. Il était plus dévastateur que les autres, peut être par immaturité, ou par méconnaissance de la réalité du vécu et des besoins du pauvre tunisien, voire même par ignorance des basiques du rôle qu’il avait à jouer pour aider ce tunisien au bord de l’abîme, ou alors, en désespoir de cause de pouvoir aider ce misérable, donc, s’était-il dit, autant l’achever et utiliser sa misère pour redorer son propre blason auprès de ses vrais maitres. De toutes les façons, il n’en avait rien à foutre de ce tunisien ni même, de la Tunisie, lui qui a, de tout temps, vécu à l’étranger, et qui reprendra, certainement, sa vie d’antan dès qu’il aura « achevé » sa tâche dans le bled.
C’est vrai que ces technocrates n’ont rien compris au système ni au travail dont ils devaient s’acquitter. Et c’est, depuis l’avènement de ce dernier gouvernement, à qui se ferait le plus de publicité possible, en vue de se garantir le meilleur avenir sous d’autres cieux, avec dans son CV, ancien ministre de… en Tunisie post révolution.
C’est ainsi qu’on a eu droit à celui qui se tuait à vendre les ressources minières du pays à ses réels donneurs d’ordres, à celui qui contractait contrat sur contrat avec les grandes boites internationales qui font partie du même cercle d’intérêts que ses employeurs, à celui qui voulait vendre l’histoire et la culture de nos ancêtres, à celle qui n’avait de buts avec ses selfies que de promouvoir sa propre image et sa réputation de coach hors pair… Et on en passe !
Ces technocrates n’ont rien compris. Ils n’ont pas compris que leur but était de venir en aide au citoyen, non pas celui de le saigner encore plus, pour venir en aide à des intérêts que personne n’arrive à saisir.
Dernière trouvaille en date, de ces technocrates hors normes, la nouvelle loi de finances complémentaire de 2014, dont le projet vient d’être ébruité aujourd’hui. Ces technocrates avaient des problèmes de ressources, et ils ont oublié que les ressources, ils en avaient besoin pour faire vivre le citoyen. Non, ils pensaient que c’était pour faire vivre l’Etat, ou ce qu’il en reste. Et comme ils sont trop forts nos technocrates, ils ont choisi la solution de facilité. Ils ont besoin de fric ? Qu’à cela ne tienne, le tunisien en a certainement, et à la pelle. Alors, on va le pomper, le saigner, le laminer, l’essorer… Et c’est ainsi que ce projet de loi comporta toutes sortes de taxes et de surtaxes. Désormais il faut payer pour se marier, comme il faudra avoir les moyens de payer le tribunal pour intenter un procès, ou se défendre devant un juge. Même les ressortissants étrangers et les touristes n’ont pas échappé au rouleau compresseur des technocrates avides de liquidités, et se sont vus taxés pour leur droit de séjour et pour les nuitées qu’ils voudront bien passer dans les hôtels tunisiens. Comme quoi cela rapporterait quelque 75 millions de Dinars. Ne se rendent-ils pas comptes nos illustres technocrates des finances qu’ils sont en train de tuer la poule aux œufs d’or, et qu’il faudra compter plusieurs centaines de millions de Dinars les pertes causées par les changements de destination des touristes découragés par ces nouvelles taxes ?
Finalement, on aurait bien fait de la creuser tous seuls, la tombe du père !

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